Strasbourg : Elle accueille chez elle un mineur étranger et « c’est une belle aventure humaine »
MIGRANTS Rencontre avec la famille d’Ariane, une enseignante qui a fait le choix d’accueillir bénévolement un enfant migrant de 13 ans, dans le cadre du projet Réseau d’accueil solidaire
- Né en juin 2017, un dispositif permet à des mineurs non accompagnés de moins de 16 ans d’être accueilli par des familles bas-rhinoises.
- Les enfants, confiés au Département, sont pris en charge par l’association Foyer Notre Dame qui accompagne les familles dans la prise en charge de ces jeunes mineurs étrangers.
- Rencontre avec Ariane, une des premières à avoir répondu au projet Réseau d’accueil solidaire et accueille Abdul, 13 ans, originaire du Pakistan.
Les assiettes virevoltent, la table est rapidement mise, le tout dans un joyeux tumulte. C’est la pause midi et les ados de la maison, comme dans toutes les familles, se dépêchent avant de reprendre le chemin de l’école. Et cette vie, ce confort, ce n’est pas anodin pour Abdul, un ado migrant de 13 ans, accueilli bénévolement chez Ariane à Schiltigheim, près de Strasbourg. Maman également de deux garçons, elle est une des premières à avoir répondu au projet Réseau d’accueil solidaire, un engagement politique, associatif et citoyen né en juin 2017, suite à un appel à projets du Département du Bas-Rhin. Ce dispositif permet en effet à des mineurs non accompagnés (MNA), de moins de 16 ans, de se reconstruire dans des familles. Les enfants, confiés au Département, sont pris en charge par l’association Foyer Notre Dame avant d’être accueillis par des familles bas-rhinoises.
Dans la plus grande décontraction, la petite famille monoparentale d’Ariane est organisée et les choses vont bon train. Adam, 12 ans, les cheveux longs comme ceux d’un surfeur, embarque à table un bouquin. Son frère de 11 ans, Abel, n’est pas là, mais c’est tout comme. A ses côtés, toujours prêt à lui donner un coup de main, « comme un grand frère », Abdul, originaire du Pakistan. Entre les garçons de la maison, rires et complicité. Arrivé seul en France en mars 2017, Abdul a été placé un temps dans un foyer collectif. « Mais ça ne s’est pas très bien passé », confie le jeune garçon, d’autant plus qu’il ne parlait pas un mot de Français. « Ici, c’est de l’accueil sur mesure, sourit Ariane. Il a d’énormes capacités, c’est un enfant très gentil, intelligent, qui s’intéresse à tout. »
« Une aventure humaine très riche »
Enseignante, doctorante, passionnée de sport, la jeune femme a un programme chargé, mais peu importe. Du temps, elle en trouve. « J’ai pris ma décision seule, je voulais mettre en pratique mes convictions sur l’accueil des migrants. Matériellement, c’était possible, on lui a aménagé une chambre. Après, on s’est lancé. Si on se pose trop de questions auxquelles on n’a pas de réponse, on ne se lancera jamais. C’est tout simple. » Depuis, « c’est une aventure humaine très riche », ajoute la jeune femme. Les conversations élargissent l’horizon de la petite famille. « C’est un échange mutuel. C’était intéressant de parler avec lui des femmes. Il n’avait pas l’habitude de les voir en jean, à vélo, qui travaillent. »
Scolarisé en 4e à Schiltigheim, le jeune Abdul s’est fait des copains, a un correspondant en Allemagne, fait des voyages scolaires… Il parle à présent très bien le français. En sécurité, avec une vie comme tous les autres ados de son âge, Abdul confie avoir maintenant un autre rêve : devenir professeur d’anglais.
Depuis un peu plus d’un an, 26 jeunes ont été accueillis grâce ce dispositif et l’association Foyer Notre Dame recherche encore d’autres familles pour accompagner ces jeunes mineurs étrangers. Alors si l’aventure humaine vous tente…
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