Citation de Jean Pierre le 5 août 2022, 20h09

Voilà la deuxième année que je suis bénévole au titre du soutien scolaire dans l’association  Arve Refugiés.

   Comme beaucoup de retraités actifs , je suis très occupé, mais  il m’ est apparu intéressant de donner un peu de mon temps pour aider un jeune réfugié à atteindre un niveau suffisant en français et en mathématiques  qui lui permettrait d’acquérir un CAP  et ainsi d’avoir une chance de  ne pas être reconduit à la frontière et de rester  en France avec un métier entre les mains lui permettant d’ assurer son avenir.

Le premier jeune que j’ai rencontré se prénommait  Aboubacar. Il  passait le CAP de peintre en bâtiment et mon intervention  a surtout consisté en une aide en mathématiques. Les notions de surface, volume étaient difficiles à appréhender pour lui, de même les conversions dans les différentes  unités de longueur, surface, volume. Parfois même il n’était pas évident pour mon apprenant de savoir quelle opération, addition ou multiplication, soustraction ou division, employer, et je ne parle pas de la règle de 3…

 Je l’ai aussi fait travailler en français, avec des exigences de la part des professeurs,  qui à mon avis dépassaient les capacités de la plupart des candidats au CAP (y compris les français d’origine) et pas seulement mon  « élève ». Par  exemple transformer un texte déclaratif en dialogue, inventer une suite à un texte  etc.) Au bout du compte   Aboubacar a eu son CAP de peintre  ce qui m’a fait plaisir, bien qu’il n’ait pas pensé à m’en avertir …

Le second qui se prénomme Alino, prépare le CAP de MACON et a déjà un référent qui s’occupe aussi de lui sur le plan scolaire. Afin de ne pas nous disperser ou de faire double emploi nous avons décidé que et le référent s’occuperai  des mathématiques et que je m’occuperai du français.

Alino a encore besoin  de monter son niveau de français parlé, mais a surtout  besoin de progresser en lecture et écriture .Pour le faire progresser je me sers d’une méthode appelée Ma Clé Alpha  qui a l’avantage de s’adresser à des adultes, par l’intermédiaire de situations  pratiques de la vie quotidienne (les pièces d’identité, la poste, la Banque, les transports etc.).

Dans le cadre de ce bénévolat il m’est apparu qu’il fallait constamment balancer entre le programme que l’on s’était fixé à l’avance et les exigences du moment de l’apprenant par exemple aider pour les devoirs demandés par les professeurs. J’ai  dû par exemple cette année passer d’un exposé sur la seconde guerre mondiale, au  devis du chef d’œuvre de maçonnerie en passant par quelques séances de QCM de code de la route  (qui nous a fait bien progresser en vocabulaire)

En ce qui en ce qui me concerne il est parfois difficile d’aider sans faire »  à la place de » tant l’écart est grand entre ce qui est demandé par les professeurs et le niveau de français écrit de l’apprenant.

Il faut savoir  être souple sur les horaires, accepter des annulations de dernière minute, des modifications d’horaires, mais passés ces petits désagréments, la relation duelle entre le bénévole et l’apprenant est très enrichissante sur le plan humain  et j’ai été très ému quand Alino  m’a raconté son parcours depuis la Guinée Conakry pour arriver en France.

Aurais-je été capable de faire face à de telles difficultés ?

Alino a réussi son CAP.  Ainsi j’aurai contribué à ce que deux jeunes hommes de bonne volonté fuyant les pires difficultés dans leur pays d’origine puissent s’établir en France avec un métier qui sans nul doute leur permettra de gagner correctement leur vie.

 En définitive je suis prêt à  prendre en charge un troisième refugié  l’année prochaine.